Exposition Sauvages ? à Maison Rouge - Musée des vallées cévenoles
Maison Rouge
Jusqu'au 1er novembre 2020
Nous sommes ici dans une pépite muséale qui fait la fierté de notre jolie France, au cœur des Cévennes, dont le parc national fête cette année son 50e anniversaire. Maison Rouge nous plonge dans l’histoire et la tradition des magnifiques vallées cévenoles, joyau du territoire classées à l’Unesco, seul parc de France en moyenne Montagne, où l’homme et la nature cohabitent.
Et que de découvertes ici.
A commencer par cette filature de soie historique avec sa magnifique charpente rouge, la première à avoir utilisé la vapeur pour séparer les fils de soie, et la dernière en activité en France jusqu’à sa fermeture en 1965. 10 000 objets nous racontent l’histoire d’un patrimoine français insoupçonnable, nous plongeant au cœur de cabinets de curiosités plus vrais que nature, avec des mises en scène typiques de la région, des reconstituions d’intérieurs d’époque, des alcôves et autres vitrines richement composées, valorisant l’art de vivre local, les traditions et savoir-faire. Et toujours, les animaux.
Ces animaux sauvages qui peuplent les vallées depuis toujours, tantôt vénérés, craints, protégés ou combattus par l’homme. Mais en moins d’un demi-siècle, 60% des populations d’animaux sauvages ont disparu. Et Maison Rouge a décidé de donner la parole aux artistes contemporains pour nous rappeler combien l’harmonie de la nature repose sur une biodiversité équilibrée et respectueuse. Des artistes qui puisent dans la tradition locale pour faire de leurs œuvres des vecteurs de transmission. Observez ce radieux soleil aux couleurs de l’arc en ciel, approchez-vous un instant et vous réaliserez qu’il s’agit en réalité de doux canons de fusils de chasse transformés sous la baguette magique de Clara Perreaut. Le ton est donné, il va falloir acérer notre regard, faire preuve de second degré et porter attention aux détails. Ici les hiboux n’existent plus qu’en hologrammes, sous l’œil de Bertrand Gadenne, prêts à disparaître d’une seconde à l’autre comme nous le rappellent aussi les images évanescentes de Bernard Pourrière. L’artiste encapsule d’ailleurs aussi les chants d’oiseaux dans des cages numériques qui nous interpellent. L’art de la chasse se retourne – littéralement – contre lui-même avec cette installation pleine d’humour signée Rodolphe Huguet, qui ose exposer d’élégants postérieurs de sangliers en guise de trophées de chasse… Les chants d’oiseaux persistent comme des fantômes dans une forêt de cages dorées. Des œuvres décalées, à l’humour parfois grinçant, qui poussent le curseur de l’engagement artistique jusqu’à nous faire ouvrir les yeux.
Cette faune emblématique des Cévennes se laisse alors redécouvrir au travers d’œuvres qui invitent à réfléchir, comme ces loups pétrifiés dans du bronze de Roland Cognet, à rêver avec ces renards si proches de nous qu’on les croirait apprivoisés signés de Delphine Giroux-Martin, ou au contraire à s’indigner lorsqu’ils deviennent de jolis objets décoratifs pour égayer nos fauteuils, ou lorsque les ailes de voitures servent de socle aux nouveaux lits en limaille de fer de nos oiseaux. Une lueur d’espoir persiste néanmoins, sous l’œil attentif des animaux naturalisés qui règnent en maîtres dans leur exposition, dont le fameux castor, sauvé de l’extinction en devenant la première espèce protégée, ici-même à Saint Jean du Gard.
Un hymne à la nature peu conventionnel qui nous laisse répondre à l’interrogation elliptique de son titre : « Qui est le vrai sauvage ? » sur ces terres où vivaient autrefois les ours bruns et les lynx.
Des carabines reconverties en arcs-en-ciel, des trophées de chasse qui troquent leurs têtes de cerfs pour des postérieurs de sangliers, des hiboux qui n’existent plus qu’en hologrammes, des papillons qui se cueillent dans des cages peuplées par d’énigmatiques chants d’oiseaux, le visiteur non averti pourrait bien se retrouver désemparé face aux œuvres contemporaines décalées présentées dans cet éminent musée de société des Cévennes. Maison Rouge pousse ici le curseur de l’engagement artistique jusqu’à nous faire sortir de nos zones de confort, et c’est pour la bonne cause. Depuis toujours, l’homme entretient un rapport ambigu avec l’animal, tantôt vénéré, craint, protégé, combattu ou apprivoisé. Mais en moins d’un demi-siècle, 60% des populations d’animaux sauvages ont disparu. A l’heure où la préservation de la biodiversité de la planète est une priorité internationale, ces œuvres à l’humour parfois grinçant nous mettent face à l’absurdité de nos comportements. Sont convoqués ici les animaux sauvages emblématiques des Cévennes – le loup, le renard, le sanglier, le cerf, la chouette – orchestrant le théâtre d’une passionnante cohabitation, faite de curiosité, de crainte et de fantasme ; une vingtaine d’installations faisant dialoguer des spécimens naturalisés, prêtés par le Museum d’Histoire naturelle de Nîmes, avec des œuvres choc, dérangeantes, drôles ou touchantes. En croisant les regards, l’exposition éveille notre curiosité, nous invite à la découverte, à l’émerveillement, nous laissant répondre à l’interrogation elliptique de son titre : « Qui est le vrai sauvage ? » sur ces terres où vivaient autrefois les ours bruns et les lynx.
Nos photos des collections permanentes :
Le saviez-vous?
Le parc national des Cévennes vient de célébrer son 50e anniversaire. Il est, en métropole, le seul parc national de moyenne montagne, s’étendant sur trois départements : la Lozère, le Gard et l’Ardèche. Un joyau du territoire national inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco.
MAISON ROUGE - MUSÉE DES VALLÉES CÉVENOLES
Jusqu’au 1er novembre 2020
5 rue de l’Industrie,
30270 Saint-Jean-du-Gard