Entre poésie et expérimentation, le top des courts-métrages d'artistes
On les connait pour avoir révolutionné la peinture, la sculpture ou la littérature du XXe siècle. Pourtant, ces artistes se sont aussi essayés au cinéma, à travers plusieurs courts-métrages tous aussi expérimentaux les uns que les autres ! Voici une petite sélection de ces créations poétiques à découvrir en ligne.
Le ballet mécanique de Fernand Léger (1924)
Réalisé avec le cinéaste Dudley Murphy, ce kaléidoscope présente un monde tout en mouvement, dominé par les images mécaniques et répétitives. En s'inspirant du ballet éponyme de Goerge Antheil, le film dévoile la période de doute de Fernand Léger, prêt à s'éloigner de la peinture pour se tourner vers l'animation. On retrouve ainsi dans ce court-métrage le rythme effréné de ses toiles, avec un montage nerveux qui ne se soucie pas de la narration.
Anémic cinéma de Marcel Duchamp (1926)
Le célèbre artiste dadaïste nous baigne dans une illusion optique avec ces disques tantôt vus en creux, tantôt en relief, que Duchamp nomme des Rotoreliefs. Entièrement expérimental, le film muet dévoile une succession de plans fixes, durant desquels on se laisse absorber par la spirale vertigineuse, parfois constituée de jeux de mots, de calembours et d'allitérations.
L'étoile de mer de Man Ray (1928)
Le célèbre photographe dévoile ici un court-métrage inspiré d'un poème de Robert Desnos, contant une histoire d'amour. Projeté pour la première fois dans la célèbre salle parisienne du Studio des Usurlines, ce film d'avant-garde fait défiler des images sensuelles nées de vers surréalistes, avec le portrait d'une Kiki de Montparnasse "belle comme une fleur de feu".
Fantômes du matin de Hans Richter (1927)
Loufoque et sarcastique, ce film que les nazis ont qualifié d'"art dégénéré" dévoile les petites choses du quotidien comme des êtres à part entière. Les chapeaux volent, les cravates se dissipent et les horloges se balancent... Bref, les objets prennent l'air, loin de toute rationalité ! Richter cherche surtout à réveiller l'enfant qui dort en chacun de nous, par ce récit surprenant et poétique.
Les mains négatives de Marguerite Duras (1979)
En partant de l'un de ses textes, Marguerite Duras nous fait déambuler dans l'opacité de l'aube bleutée, entre Bastille et les Champs-Élysées, pour nous conter le mystère des mains peintes dans les grottes préhistoriques d'Espagne. Plein de grâce et de mélancolie, ce film ouvre une question universelle sur l'éveil de l'humanité.
Le retour à la raison de Man Ray (1923)
Ce petit film a été réalisé à la demande de Tristan Tzara, pour l'ultime soirée dada à Paris du 6 juillet 1923, nommée la "Soirée du cœur à barbe". On y voit des "rayographes" et des textures animées, projetées sur le torse de Kiki de Montparnasse.
Le sang d'un poète de Jean Cocteau (1930)
Ce film en quatre parties reprend les thèmes chers à Cocteau que sont la mort, le miroir ou les étoiles. A travers des souvenirs personnels, l'artiste y décrit les terribles souffrances éprouvées lors de la création d'une œuvre. Une suite de phénomènes irrationnels qui dévoilent l'univers éminemment poétique de l'auteur des Enfants terribles.
Images d'un monde visionnaire de Henri Michaux (1963)
A travers les altérations perceptives provoquées par la mescaline et le haschich, Henri Michaux explore les images hallucinogènes qui s'éclairent et s'effacent progressivement. Il cherche alors à mieux comprendre les esprits psychotiques, qui voient involontairement défiler des formes diverses avec une clarté extrême. Un film expérimental dans la lignée de ses recherches poétiques et picturales.
