Les présences humaines de Francis Bacon à la Fondation Pierre Gianadda : on a vu, on vous raconte !
Fondation Pierre Gianadda
Jusqu’au 8 juin 2025
Il est le peintre des chairs éclatées et des visages déformés. La Fondation Pierre Gianadda nous plonge dans les entrailles de Francis Bacon, créateur obsessionnel et maladif rattrapé par le démon de la peinture à une époque où l’art du portrait ne semble plus trouver grâce aux yeux des génies abstraits. Chantre d’une peinture brutale, cruelle et douloureuse, Francis Bacon fait pourtant le choix irrationnel de la figuration avec un désir brûlant : faire de son œuvre cathartique le reflet d’une nouvelle condition humaine.
Avec la complicité de la National Portrait Gallery de Londres, l’exposition ose s’aventurer au-delà des apparences, dépasser les êtres torturés et les cris silencieux pour capturer l’essence de ces sujets. Si les influences de ce monstre sacré de la figuration sont nombreuses – l’artiste emprunte volontiers à Rembrandt ses tons bruns, à Picasso ses corps malmenés et à Vélasquez sa piété –, l’œuvre de Francis Bacon se nourrit de l’intime, du chagrin et de l’amertume laissés par ses histoires passées. Dans un dialogue entre le désir, la perte et la brutalité, ses portraits d’amis et d’amants nous livrent sa lecture désarmante, presque viscérale, de l’existence.
On a vu, on vous raconte :
“J’aimerai bien que mes tableaux donnent l'impression qu’un humain est passé entre eux, comme un escargot, laissant la trace de la présence humaine et la mémoire du passé comme l’escargot laisse un sillon de bave”. Voici les mots qui nous font entrer dans l’antre artistique tourmentée de Francis Bacon à la Fondation Gianadda, dans le cadre de l’exposition “Présence humaine”, résolument introspective et viscérale. Mais comment cette présence humaine laisse-t-elle sa trace pour celui qui ne peint pas uniquement des corps mais la “chair vive” ?
Tout commence par un seuil, le passage d’une porte, celle de la Fondation Gianadda qui laisse déjà entrevoir un espace ouvert, nous accueillant avec deux autoportraits qui se font face, comme les deux pièces d’un même puzzle, permettant de pénétrer dans l’univers énigmatique de Francis Bacon, tel un cri existentiel, un manifeste artistique qui laisse derrière lui une œuvre sensiblement vulnérable où l’intimité se fait souveraine.
Déployées au rez-de-chaussée de la fondation, les œuvres de Francis Bacon, entre tableaux et accrochages photographiques, créent un parcours chronologique, symbole d’une œuvre qui évolue avec son créateur, où se noue pourtant un lien réticulaire indéniable : celui du portrait et sa présence au monde. Dans un itinéraire circulaire construit autour d’une trentaine d’oeuvres, l’exposition sillonne les débuts du peintre, ses influences artistiques en passant de Rembrandt à Van Gogh, et se clôt sur ses oeuvres les plus accomplies, faisant de Francis Bacon une figure incontournable de l’art du XXè siècle.
Des visages aliénés aux corps disloqués jusqu’aux humanités fracturées, les toiles obscures de Bacon, hantées par le tragique et les traumatismes d’après-guerre, se laissent néanmoins traverser par des fragments de lumière et de couleurs qui participent à la la sensibilité brute de sa peinture, témoignant d’une présence où les contradictions humaines émergent : de l’ombre à la lumière, de la construction à la destruction, de la violence apparente à la tendresse la plus dissimulée.
FONDATION PIERRE GIANADDA - SUISSE
Du 14 février au 8 juin 2025
59 rue du Forum, 1920 Martigny
Plus d'informations sur l'exposition ici